Eric Martinet à Post-Scriptum

Publié le par bgb-bbg

Eric Martinet à la Galerie Post-Scriptum

 

Découvrir l’exposition d’un jeune artiste qui s’applique à poser et à résoudre les problèmes de la peinture avec la même application que Cézanne en son temps, voilà un plaisir rare que les amateurs de peinture et les férus d’histoire de l’art ne sauraient bouder.

 

Le vaudois Eric Martinet, dont c’est la première exposition personnelle, ne vise pas l’effet facile ni la gloire instantanée. Il peint sombre et ne séduit donc pas d’emblée. Mais si le visiteur s’arrête et regarde à la manière du mélomane qui écoute dans le temps, alors c’est gagné pour l’un et pour l’autre.

 

On le sait, la manière de traiter la dualité ombre/lumière caractérise chaque artiste, et l’oscurité des peinture d’Eric Martinet dit une approche du monde toute chargée d’inconnues, de mort et d’angoisse. Il y a dans ses toiles le ténébrisme des Espagnols et la rigueur calviniste : couches successives nombreuses qui enserrent un vague motif central, -chevalet du peintre, buste de terre ou statuette égyptienne- de leurs tonalités rouges ou bleues, de leur harmonie accordée très haut ou très bas. Mais, et les dessins accrochés entre les toiles le prouveraient si nécessaire, le jeune artiste est aussi un constructeur de géométries qui projettent dans l’espace de la toile ses plans et ses volumes, et un intellectuel dont les traits hachés à la Giacometti procèdent d’une écriture à la fois spontanée et contrôlée, c’est-à-dire soumise à l’économie générale de la toile. Comment évoluera ce monde minéral obscur et froid, avec de rares ouvertures vers la lumière et la perspective atmosphérique ?

 

Une intéressante expérience visuelle et offerte au regardeur attentif de la démarche du peintre. Il s’agit de ces silhouette élonguées intitulées « L’Egyptien » qui se défont d’une planche à l’autre, passant du personnage rigide reconnaissable au tombé de l’étoffe qui l’enveloppe, à une vague structure faite de traits et de hachures, traces d’un être qui s’efface, privé de sa chair, devenu transparent, pure idée sur le fond plombé.

 

Si Eric Martinet poursuit sa recherche dans la voie exigeante qui est actuellement la sienne, on peut en attendre le meilleur. Le train des vrais peintres ne serait-il pas encore évanoui dans le tunnel du passé ?

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