Hafis Bertschinger

22 aout 1983, Hafis Bertschinger: courte exposition d’un artiste voyageur,

De son voyage initiatique au centre de lui-même et au bout du monde, Hafis Bertschinger a rapporté des photos, comme tout le monde, et des cartes, surtout, colorées à la terre qu’il secouait de ses chaussures. Il a exposé les unes et les autres aux parois de sa ferme, pour un jour, pour ses amis. Quelques coupures de presse d’ici et d’outre-Atlantique en assurent le commentaire avec les spirituels aquarelles de Trudy Nowak. Un happening seulement dit-il. Tout rentrera dans les cartons dès le lendemain.

Intuitions culturelles plutôt qu’œuvres d’art, les cartes de Hafis Bertschinger sont des cartes-empreintes de la Terre vierge, partout la même mais toujours différente dans sa minérale indifférence où tout être se perd, où toute charogne finit par se perdre en s’y enfonçant ; cartes filtres aussi où s’inscrivent les silhouettes de Taroudant, revêtues du Fil teint de l’Oregon Trail, sur les traces du général Sutter mort par l’or né d’elle.

C’est de cette terre, base universelle de nos civilisations, que Hafis Bertschinger tire ses couleurs et ses images qui sont intemporelles Fils de Lascaux en même temps qu’artiste du XXe siècle, l’artiste voyageur nous rappelle que nous sommes vivants depuis des millénaires et que la terre colle toujours à nos pieds.