Olivier Suter: le défi

Publié le par bgb-bbg

Olivier Suter : le défi

 

C’est un jeune artiste qui ne fait rien comme les autres ! Il envoie une invitation à décrypter à la loupe sur laquelle on finit pas distinguer un écorché maculé au stylo feutre, pour un rendez-vous en un lieu impossible, un soir sans lune dans un terrain vague où se profile une maison plus sombre que la nuit qu’il faut atteindre en distinguant au sol un passage étroit de planches branlantes dans la neige fondue. C’est une étable désaffectée depuis des lustres où l’humidité suinte dans les courants d’air. Un feu éclaire à peine, sans réchauffer l’air, quelques chaises auprès d’une table garnie de pain, vin, poisson cru dont l’odeur a remplacé celle des animaux de naguère. Vernissage d’un art-défi.

 

Quelques pas sur le sol poisseux invisible pour voir des casiers-vitrines suspendus occupés par des gravats et des fioles dégoulinantes éclairées crûment, d’un hôpital de campagne après reddition des troupes. Les radiographies de maxillaires, tibias, radius… sont offertes à l’examen clinique. Un sarcophage entrouvert laisse voir un squelette. Pour l’anthropométrie de l’anonyme, la main est radiographiée tandis que les doigts sont plongés dans le formol. Les aiguilles du réveil tournent encore entre les mouches crevées et l’oiseau empaillé. Technique libre pour « états ». Quels états ?

 

Les gens se marrent pour se réchauffer, se donner du cœur au ventre, résister. Résister à quoi, à qui ? « J’aurais aimé qu’il fasse plus froid, que l’accès soit plus difficile dans une nuit glaciale. » dit le maître de céans qui officie entre le feu et la table garnie, ramassant le poisson tombé où de la terre reste collée. Mais c’est difficile de trouver des lieux désaffectés. Dommage que l’étable n’ait plus ses odeurs : les crèches sont vides depuis trop longtemps. Juste un vague remugle qui se mêle aux exhalaisons du poisson.

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