Le vitrail aujourd'hui au musée de Romont

Publié le par bgb-bbg

12.  Le 18 décembre 1989, Le Musée du Vitrail à Romont  Les persiennes de verre,

 

L’exposition de Noël du Musée du Vitrail à Romont est issue de l’exposition d’été du Centre International du Vitrail à Chartres. Les responsables de Romont ont choisi cinq verriers suisses et quatorze verriers français sur les 150 exposants en France.

 

On sent dans le commentaire des fondateurs du Musée du Vitrail une certaine réticence devant les nouvelles compositions de verre du « marché » actuel. Il est question de bien facture et d’ingéniosité bien sûr mais aussi de regrets pour l’abandon de la baguette de plomb et du verre antique, de perte de la dimension architecturale…Bref un manque d’enthousiasme pour le ludisme du verre coloré actuel. Qu’est-ce à dire ?

 

D’abord la dimension architecturale d’un vitrail n’est pas visible dans un musée où sont juxtaposés les styles divers de créateurs nombreux, ensuite le vitrail est né dans la cathédrale gothique où les espaces intérieurs sont délimités par deux sources de lumière, l’une diffuse, irisée, constamment mouvante, tombant des vitraux, l’autre artificielle émanant des cierges et des flambeaux. Dès la Renaissance, le rapport à la lumière est nouveau. Plus de vitraux colorés, la lumière perd sa substance spirituelle et ne représente plus qu’elle-même. A ce moment-là, l’ombre et la lumière deviennent l’objet de la peinture.

 

Si le raccourci historique est audacieux, c’est un fait que les artistes qui ont œuvré en ce siècle à la renaissance du vitrail, dont le Musée de Romont se veut témoin, ont dû réapprendre les effets de la lumière colorée « qualité spirituelle, mystique ou simplement tonique selon les cas, car l’Eglise n’est plus seule à être le milieu vital du vitrail d’aujourd’hui », écrit Yoki. En effet la restauration des églises touche à sa fin, on construit peu de nouvelles églises et les verriers demeurent.

 

Qu’ils travaillent le verre et ses couleurs dans un tout autre esprit que celui d’une tradition artisanale retrouvée, quoi d’étonnant ? Les verriers d’aujourd’hui proposent de nouvelles solutions : panneaux coulissants pour des stores d’ambiance ou coffres en trois cubes, persiennes aux structures linéaires diverses, paysage horizontal et oblique en deux parties qui se font écho, mariage de droites et de rocailles où le plomb est primordial dans sa nouvelle utilisation entre le verre blanc et le verre coloré, pages musicales d’un verre mat presque blanc où sont peints des noires et des croches. Tout est possible.

 

Entrelacs de dalles de verres d’épaisseurs variées, symétries variables d’un jardin à la française, puzzles de cercles et de carrés tronqués avec insertions d’éléments sortis de l’histoire de l’art et reconnaissables, outrances aussi des baguettes de plomb tricotées en chevelures de vamps à lunettes de soleil ou faux-vieux pour faux cadres de vieilles portes, verres peints aux couleurs du blé et du bois pour résidences secondaires à la campagne…Tout est possible dans nos sociétés ouvertes à tous les vents d’est et d’ouest comme à la musique des planètes.

 

C’est pourquoi le jury français a couronné d’une mention spéciale l’alignement géométrique de 900 petits carreaux de verres antiques peints et de miroirs librement suspendus offert aux vagues de brise qui les font jouer avec la lumière comme les feuilles d’un jeune tilleul. Arts visuels parmi les autres, les assemblages de verre ont encore de beaux jours devant eux.

 

 

 

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