Res Freiburghaus: passage à l'abstrait

Publié le par bgb-bbg

18.  Le 10 avril, Res Freiburghaus, Passage à l’abstrait,

 

Plus de nymphes dormantes, ni de géantes tutélaires à la longue chevelure,
Res Freiburghaus plie le béton entre deux pierres noires à peine dégrossies, le déforme autour d’un poutre équarrie, posée à la verticale…Travaillant au ciseau les petites choses de molasse, stéatites savonneuses, ardoise, taillant à la boucharde et la gouge les calcaires divers et le granit monumental, à la tronçonneuse les troncs de peupliers de 80 ans d’âge, il en tire des sphères d’où s’échappent des mèches –eaux ou crins, des obélisques bifides, des stèles indécises, des cippes quadrangulaires aux excroissances quasi musculaires, des plaques parfaitement plates qui s’incurvent aux extrémités…Tensions dialectiques entre les droites et les courbes, entre un ordre rationnel qui procède de l’esprit et sa perversion, voire sa destruction par une loi organique sournoise et imparable.

 

Le sculpteur met en scène le désordre de la planète dans son atelier en plein air du plateau de Pérolles. En ce sens, non seulement il déplaît mais il inquiète, il provoque le rejet car sous la fable plastique, la réalité transparait : nous sommes d’un siècle où l’on fait plier la matière non pour la soumettre à un ordre supérieur – dorique ou catholique – mais au bon vouloir, à la « fantaisie » actuelle de quelques apprentis sorciers de la débâcle, du grand désordre, de la « décréation ». Le marteau cogne mais la main est sans dessein. Res Freiburghaus n’est pas désespéré : il ne travaillerait plus ; mais il sculpte l’énergie qui s’écoule , ni retenue, ni guidée, d’une terre qui fut ronde. Depuis trente ans, Tinguely ne fait pas dire autre chose à ses machines.

 

 

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