Musée Singinois: Céramiques et bouquets

Publié le par bgb-bbg

5.    Le 10 juillet ’89, Musée de Tavel, céramiques en fleurs,

 

Le petit Musée Singinois sera fleuri tout l’été. Ainsi en ont décidé les associations de femmes paysannes de la Singine qui se sont engagées à prendre en charge la création des bouquets et leur distribution dans toute l’ancienne maison du sacristain. Le résultat est miraculeux : vous n’entrez plus dans un musée mais dans une demeure paysanne décorée pour une fête. Parfums et couleurs y viennent tout droit des plates-bandes réservées aux fleurs dans le potager des fermes de chez nous. Les femmes de St-Antoine, l’autre semaine, avaient réuni les plus belles ancolies, capucines, digitales et giroflées dans les anciennes « toupines » à oeufs et autres pots à cidre ou à lait.

 

L’exposition d’été du Musée Singinois montre sur les trois étages les céramiques anciennes de Planfayon, Heimberg, Albligen et Bulle La seule production autochtone recensée en Singine provient de Planfayon.

 

De la fin du XVIIIème siècle au grand incendie de 1906, plusieurs potiers ont travaillé sur place grâce au sol argileux qui leur fournissait la matière première. Le premier potier était venu d’Allemagne et avait épousé une Singinoise en 1791, il s’appelait Heinrich Dort et sa femme Anna Poffet. D’anciennes photographies montrent un atelier familial du début du siècle : la poterie y était séchée au soleil avant de recevoir l’engobe coloré. Exclusivement utilitaire, la céramique de Planfayon n’a pas de vraies décorations mais une recherche de « giclage » produisait des marbrures jaunes, brunes, vertes. La jatte à séré trouée, le pot à cidre et le plat à röstis – ou Braglbatta en dialecte singinois – en sont les principaux éléments.

 

Les femmes des potiers les vendaient sur les marchés proches ou les troquaient contre des chiffons. Le troc fut également le chemin qu’empruntèrent les productions singinoises pour passer sur territoire bernois vers Guggisberg : des colporteurs s’en chargeaient et revenaient avec les poudres d’émail colorées nécessaires à la fabrication. Mais le trajet se faisait plus souvent en sens inverse : la plus grande partie des faïences utilisées en Singine provenaient d’ailleurs. De Bulle, on ramenait une poterie à taches noires, et d’Albigen, des jattes et des pots à fond miel marbrés.

 

Le boutiquier Kremer de Bösingen se rendait avec une charrette tirée par un chien jusqu’à Heimberg Steffisburg pour acheter de la vaisselle dont on peut voir une énorme soupière jaune à décor vert dans une des vitrines du grenier du musée…

 

Enfin lorsque les conditions de circulation des marchandises s’améliorèrent, vers 1870, on importa un nouveau style de porcelaine plus dure, la majolique de Thoune, dont les surfaces étaient entièrement décorées de fleurs ou de dessins géométriques et leurs formes nouvelles éclipsèrent l’ancienne production. On vit dès lors de superbes semis de fleurs, de fruits et de papillons multicolores décorer les plats à röstis et même les paysages suisses surgir entre les bordures décorées, fleurir aussi les sentences des sagesses populaires comme celle-ci : « celui qui voyage beaucoup expérimente la chaleur, le gel, la faim, la soif, les tourments et la misère ». Moralité : laissez les voyages aux Capucins !

 

La production se diversifie aussi, vinaigrier en forme d’œuf couché, plat à beurre, plat à cerises, légumier et soupière, vases et tasses de malades viennent compléter la vaisselle usuelle. Un bénitier de l’église de Wünnewil vers 1820 pouvait contenir le bras entier.

 

Enfin dernier volet d’une exposition agréablement didactique, la réparation des faïences. « En ces temps de grande pauvreté, explique Pius Kaeser, on gardait les gros tessons d’une poterie brisée jusqu’au passage du « Chachuringger », le réparateur ambulant qui travaillait avec une mèche et des agrafes de métal. Pius Kaeser lance un appel : que tous ceux qui pourraient combler les lacunes de cette exposition s’annoncent. L’histoire de la céramique en Singine reste à écrire.

 

 

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