René Bersier: mythographies rupestres

Publié le par bgb-bbg

Galerie de la Cathédrale .René Bersier, mythographies rupestres, 31 mai 1988,

 

Il n’arrivera pas à René Bersier, photographe aux multiples prix, d’être en face du visible sans le voir, il ne lui arrivera pas non plus de soumettre l’émotion à la technique, il photographie à travers trois filtres : voir puis rationnaliser en vue d’atteindre la poésie. Si l’image est somptueuse, c’est pourtant que le métier est intervenu pour jouer le jeu de la sensibilité dans la fixation d’un instant d’intensité. C’est dire que ses photographies n’ont rien de spontané et que si le mystère affleure de ses abstractions c’est qu’il a été longuement cerné.

 

L’exposition présente des œuvres inspirées par des parois rocheuses de la région du Sanetch, une baleine bosselée sur un kilomètre carré avec ses dénivellations et ses vallonnements qui se terminent à chaque extrémité par un escarpement et des brisures de roche. L’eau de ruissellement a produit dans ce terrain calcaire des lapiaz,
c’est-à-dire des ciselures artificielles sur lesquelles jouent ombre et lumière. Le fort contraste entre les plages claires et les failles révèle un jeu de formes et de signes, d’ailes et de rêves.

 

 Graphisme encore mais différent de l’écriture née des roseaux à laquelle René Bersier nous avait habitués, sortes d’abécédaire d’une mythographie rupestre révélée par le regard et l’objectif et déposée parmi les irisations nées de l’oxydation de métaux porteurs. Réduction d’une réalité dominatrice, chaque planche atteint ainsi une abstraction sensuelle et riche par l’unité du sentir et du penser et conduit à la poésie du « plus haut faîte de l’instant » aux
« aurores descendues des fêtes boréales » par « l’antique tracé » « au-dessus du temps profond ». Car « à guetter l’inconnu, l’éclair nous cisèle », dit le poète.

 

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