Yvan Moscatelli: éclatement

Yvan Moscatelli à la Galerie Hofstetter, en mai 1988, « miettes cosmiques »,

Les plages uniformément grises ou bleues ou blanches de cet artiste autodidacte nous mènent d’emblée dans un cosmos habité de constellations à peine visibles dont l’artiste à son tour tente l’occupation par le lancement d’éléments distraits d’une composition totale. Puzzle éclaté qui ne sera jamais réuni en un paysage construit sinon dans l’éphémère rassemblement d’une exposition.

Le lent mouvement de ses rectangles inachevés, que leur position diagonale pousse vers des trajectoires sans cesse interrompues, rencontre, heurte, casse des barres lumineuses, trace d’anciennes étoiles dont il ne reste que la fulguration. Même en diptyque ou en triptyque, le village cosmique ne parvient pas à se construire, tous les éléments sont là pourtant prêts à être assemblés au-dessus ou au-dessous de la ligne d’horizon mais il manque à cette musique éparse de couleurs perdues un principe d’unité qui en ferait une symphonie. Le triangle avait bien poussé un angle dans le noir mais l’aile de l’aéroplane est désormais cassée. Le paysage en miettes roule vers des infinis de silence opaques. Le regard est perdu, s’est perdu. Il ne reçoit plus l’illumination quand il tente de s’élever.
Osera-t-on achever le rose, osera-t-on clore le rectangle ?

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